Statu Quo de l’Eglise Saint-Sépulcre
Pour comprendre pourquoi et entre qui un statu quo a été mis en place, il faut faire un voyage dans le temps et repartir quelques siècles en arrière. Lorsque les Ayyoubides et Mamelouks (peuples musulmans) sont arrivés au XIIe siècle sur la Terre trois fois sainte, ils se sont donnés pour mission de chasser les Croisés (chrétiens d’occident) et en particulier de les faire partir de Jérusalem. Après la prise de celle-ci, le Saint Sépulcre est fermé puis autorisé aux Grecs Orthodoxes. Dès lors, et jusqu’à ce jour, un pouvoir extérieur aux communautés chrétiennes gère le site.
Au XIVe siècle, les Franciscains sont revenus en Palestine. Il faut savoir que le nom de Palestine est donné par l’Empereur romain Hadrien à la province romaine de Judée. Elle faisait parti du royaume d’Israël avant le schisme entre les tribus juives et juste après la révolte de Bar Kohba après 135 pour humilier les populations juives. Le nom “Palestine” vient du mot “Philistin” qui est le nom d’un peuple qui a fait des ravages sur les populations juives quelques siècles plus tôt. De plus, le nom Palestine disparaîtra et redeviendra Israël seulement en 1948 lors de la proclamation de la Déclaration d’indépendance de l’Etat d’Israël.
Les Franciscains ont reçu le mérite de gérer le Saint Sépulcre. Ceci a donc créé des conflits avec les Grecs Orthodoxes mais aussi avec les Arméniens, les Coptes et les Éthiopiens qui étaient présents en parallèle et revendiquaient leur légitimité à être les seuls responsables du lieu Saint.
Le pouvoir du Sultan
La perception des peuples musulmans, y compris celle des Ottomans, était que les lieux saints sont le “Waqf”: c’est-à-dire un lieu saint pour Dieu. En effet, seul le Sultan, considéré comme le protecteur de l’Islam et des lieux saints, avait le pouvoir d’attribuer les églises aux différents groupes, par émission d’un Firman (décret royal). Jésus ou ʿĪsā en arabe, étant l’un des 5 principaux prophètes pour les musulmans, le lieu de sa crucifixion et mort est donc un Waqf.
Plus tard, au milieu du XVIIIe siècle, respectivement les français, les russes et les arméniens prennent en charge les communautés chrétiennes présentes en Terre Sainte (catholiques, orthodoxes et arméniens). Disposant donc d’un pouvoir économique important, français, russes et arméniens appliquent une pression politique sur le sultan en place pour faire valoir les communautés qu’ils ont pris à charge.
Ainsi, au fil des siècles, les sultans ont eu la responsabilité d’attribuer les sites chrétiens les “plus importants” aux différentes communautés tels que : le Saint-Sépulcre, la Basilique de la Nativité, l’Église de l’Ascension et le caveau de Marie. Avec le temps, chaque site a été réparti entre grecs orthodoxes, latins et arméniens orthodoxes.
En 1847, le Patriarche de la communauté grecque orthodoxe part de Constantinople pour s’installer à Jérusalem. La même année, le patriarcat de la communauté Latine est remis en place à Jérusalem. C’est finalement en 1852, que le sultan ottoman en place propose et applique la règle du Statu Quo qui sera validé par les communautés du christianisme en Europe bien que contesté au début par les catholiques.
Quelles règles fixe le Statu Quo?
Le Statu Quo de 1852 fixe principalement les éléments suivants :
- Qui dispose de quelle partie du Saint Sépulcre/ droit de culte
- Qui est responsable de l’entretien et des rénovations / nettoyage
- La disposition des éléments liturgiques, des cierges, des icônes, des sculptures…
Ainsi, le Saint Sépulcre a généré des dissensions entre les différents groupes, notamment :
- Entre les syriaques et les arméniens pour la Chapelle “des syriens”
- Entre les Coptes et les Ethiopiens pour le Dir a-Sultan (monastère sur le toit du Saint Sépulcre)
- Avec les arméniens, lors de rénovations qu’ils ont eu le droit d’effectuer, au moment où le statu quo incluait les portes et rebords des fenêtres dans la gestion commune du site : une échelle en bois avait été placée sur le rebord de fenêtre en symbole de reconnaissance de cet accord exceptionnel, tout juste deux ans après que le statu quo ait été instauré. On y voit encore à ce jour une échelle en bois.